Sobriétés ordinaires : la simplicité volontaire à travers le prisme des rapports au monde
Article complet du #93 | Qu’est-ce qu’une vie sobre ?
FR : Cet article veut apporter une contribution à la littérature existante autour de la simplicité volontaire en approfondissant les questions de la consommation, du travail et du temps libre, du rythme de vie, du travail sur soi, et de la résistance ordinaire et « constructive ». L’analyse présentée se base principalement sur une vingtaine d’entretiens qualitatifs menés en Suisse romande avec des simplicitaires. Les quelques passages « évocateurs » proposés sont construits à partir d’un terrain ethnographique complété par deux méthodes : celle de l’entretien par dessin d’une carte (représentant le quotidien) et celle du journal. Vivre la sobriété ne signifie pas uniquement limiter et bien pondérer ses achats, mais aussi déconstruire l’importance du travail rémunéré pour avoir du temps pour soi-même et les autres, pour travailler à son autonomie, et surtout pour ralentir ainsi que pour pouvoir s’occuper de son développement personnel. Cette démarche est clairement empreinte d’une volonté de résistance, cependant, il se trouve que les simplicitaires ne sont pas complètement dans l’ « alternatif » mais sont en partie empreints du système qu’ielles critiquent.
Mots clés : Sobriété, simplicité volontaire, mode de vie, rapports au monde, rythme de vie, résistance
EN: The aim of this article is to make a contribution to the existing literature on voluntary simplicity by looking in greater depth at the issues of consumption, work and free time, the pace of life, self-help and ordinary, constructive resistance. The analysis presented here is based mainly on around twenty qualitative interviews with simplifiers in French-speaking Switzerland. The few “evocative” passages proposed are based on ethnographic fieldwork supplemented by two methods: the interview with a drawing of a map (representing daily life) and the diary. Sobriety does not only mean limiting and weighing up purchases, but also deconstructing the importance of paid work so as to have time for oneself and others, to work on one’s autonomy, and above all to slow down and be able to take care of one’s personal development. Despite all this being marked by a desire to resist, it turns out that simplifiers are not completely ‘alternative’ but are partly imbued with the system they criticise.
Keywords: sobriety, voluntary simplicity, lifestyle, relationship with the world, rhythm, resistance