L’autonomie des universités à l’épreuve des politiques institutionnelles au Québec

Abdoulaye Anne et Étienne Chabot

Article complet du #89 | L’enseignement supérieur en recomposition : entre institutions et parcours éducatifs

FR : Traditionnellement, la relation entre le gouvernement québécois et les universités s’est établie sur la base de l’autonomie de ces dernières, principe reconnu par la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (commission Parent) en 1964. À la lumière d’un cadre d’analyse des politiques éducatives intégrant des approches sociocognitives (Lessard et al. 2008; Lessard et Carpentier, 2015), nous posons l’idée que l’autonomie institutionnelle apparaît comme un référentiel sectoriel qui donne sens aux actions des membres de la communauté universitaire et qui cristallise leur vision de leur rôle et de leur place dans la société (Muller, 1995). Toutefois, en dépit de cette autonomie, l’institution universitaire reste, pour certains, soumise à diverses pressions du fait de l’action de l’État remettant en question son autonomie. Ces pressions sont alors circonstancielles (ex. : crise sanitaire comme la COVID-19) ou inscrites dans des évolutions politiques ou sociales plus globales (ex. : démocratisation de l’enseignement, néolibéralisme, etc.). À travers l’analyse de trois interventions étatiques ciblées : (i) la Loi sur l’Université du Québec et la création du Conseil des universités (1968), (ii) la Politique à l’égard des universités (2000) et (iii) les directives ministérielles liées à la crise sanitaire de la COVID-19 (2020-2021), nous tentons de montrer que ces pressions résultent d’une tension entre le référentiel sectoriel, soit l’autonomie institutionnelle, et les référentiels globaux dominants.

Mots-clés : autonomie institutionnelle, gouvernance, référentiel, rapport global/sectoriel, théorie du changement politique

EN: Traditionally, the relationship between the State and Quebec universities has been established based on the latter’s autonomy, a principle recognized by the Royal Commission on Education in the Province of Quebec (Parent Commission) in 1964. Considering a framework for analyzing the implementation of educational policies, incorporating socio-cognitive approaches (Lessard et al. 2008; Lessard and Carpentier, 2015), we propose the idea that institutional autonomy appears as a sectoral referential that gives meaning to the actions of members of the university community and crystallizes their vision of their role and place in society (Muller, 1995). Despite this autonomy, university as an institution remains, for some, subject to various pressures due to the action of the State that questions its autonomy. These pressures are either circumstantial (e.g., health crises such as COVID-19) or part of more global political or social developments (e.g., democratization of education, neoliberalism, etc.). Through the analysis of three targeted state interventions: (i) the University of Quebec Act and the creation of the Council of Universities (1968), (ii) the University Policy (2000) and (iii) the ministerial directives related to the COVID-19 health crisis (2020-2021), we will try to prove that these pressures result from a tension between the institutional autonomy as a sectoral referential, and the dominant global ones.

Keywords: institutional autonomy, governance, referential, global/sectoral relation, theory of political change

Article complet du #89 | L’enseignement supérieur en recomposition : entre institutions et parcours éducatifs