Résumé
Si les conseils d’enfants, reflet du nouvel idéal démocratique de participation des plus jeunes, se multiplient, les modalités informelles et diffuses de participation politique et sociale des enfants restent peu connues. Cet article propose d’analyser des situations où les enfants mettent en oeuvre des styles de participation politique « à bas bruit » qui provoquent parfois l’embarras des adultes. À partir d’un terrain d’enquête mené auprès d’enfants âgés de 8 à 12 ans et grandissant dans des familles migrantes populaires, sera proposée une ethnographie des pratiques consistant à rejeter les enfants de l’école voisine, se moquer de ses pairs et « faire hala », autant de modalités d’un prendre part singulier faisant intervenir des conceptions du vivre ensemble, des catégorisations et hiérarchisation du social, des formes de résistance qui présentent des écarts par rapport à ce qu’attendent d’eux les adultes de leur environnement.
Abstract
While the number of children’s councils has been increasing—a reflection of the new democratic ideal of participation of society’s youngest members—little is known about the informal, diffuse ways in which children participate politically and socially. This paper seeks to analyse situations in which children implement forms of political participation that “fly under the radar” but that sometimes put adults in awkward situations. On the basis of a survey of children age 8 to 12 raised in working class migrant families, we propose an ethnography of practices that include rejecting children from neighbouring schools, making fun of peers and raising hell. These unusual ways of participating in society involve concepts of living together, social categorization and hierarchization, and forms of resistance that diverge from what the adults in their environment expect of them.
Résumé
Le DIY (Do It Yourself) constitue le régime d’engagement majeur de la scène punk rock. Il en est « l’arrière-scène ». Ce régime, fondé sur la célébration de l’action ne revêt pas seulement une dimension artistique et culturelle. Il recouvre également une dimension sociale et politique animée par un puissant désir de corriger certains déséquilibres sociaux en participant concrètement à la vie de la cité. De ce fait, contrairement aux idées reçues, le régime d’engagement punk rock s’avère objectivement structurant. Cet article entend en mesurer les effets à la lumière de plusieurs exemples d’expériences participatives.
Abstract
Do It Yourself, or DIY, is the main form of engagement in the punk rock scene. It is the scene’s “backstage.” This engagement regime, based on celebrating action, is not restricted to its artistic and cultural dimension. It also encompasses a social and political dimension sustained by an ardent desire to correct certain social imbalances by participating actively in the life of the housing project. As a result, contrary to what is normally thought, the punk rock form of engagement objectively has a structural influence. This paper seeks to assess this influence by examining a number of examples of participatory experiences.
Résumé
Cet article comporte une analyse de l’« expérience participative » développée par les pobladores chiliens (habitants de bidonvilles ou de faubourgs) face aux modes de gestion de la pauvreté mobilisés par l’État. L’hypothèse que nous voudrions démontrer est que l’implantation des stratégies de lutte contre la pauvreté, à partir des années quatre-vingt au Chili, a été suivie d’une participation contestataire de la part des secteurs populaires, notamment par rapport aux orientations individualistes qui soutiennent le modèle politique chilien. Ce type de participation peut conformer la base des nouvelles formes de politisation du mouvement des pobladores.
Abstract
This paper offers an analysis of the “participatory experience” of Chilean pobladores (slum dwellers) faced with the methods of managing poverty applied by the State. It is our hypothesis that the implementation of strategies to fight against poverty, beginning in the 1980s in Chile, led to antigovernment protests by people from working class areas, in particular against the individualist orientations that underlay the Chilean political model. This type of engagement can consolidate the base of the new forms of politicization of the pobladores movement.
Résumé
L’émergence d’attitudes civiques, qualifiées ainsi au sens où elles dépassent les seuls intérêts individuels, ne peut se penser qu’en relation directe avec les liens entre individus dans leur quotidienneté, car c’est là qu’elles trouvent leurs racines. Cependant, dans les quartiers populaires de ville de Palerme en Sicile (Italie), les formes d’engagement et de participation se confrontent à la présence invasive de la criminalité organisée de type mafieux. Ainsi, il nous a semblé intéressant d’interroger la forme spécifique de l’« arrière-scène » participative dans ces quartiers. Et, plus particulièrement, le rôle qu’y jouent les habitants et les associations qui gèrent des centres sociaux polyvalents, pour élargir et généraliser la participation civique, des lieux interpersonnels aux lieux institutionnels et systémiques.
Abstract
The emergence of “civic” attitudes—so called in the sense that they extend beyond solely individual interests—is only conceivable in direct connection with ties between individuals in their daily lives, as that is where such attitudes originate. In the working class districts of the city of Palermo in Sicily, Italy, however, forms of engagement and participation run up against the invasive presence of mafia-related organized crime. We therefore thought it would be interesting to explore the specific form that “behind-the-scenes participation” takes in these neighbourhoods. And more specifically, the role played by local inhabitants and associations that run multipurpose community centres in extending and generalizing civic engagement by transforming these centres from interpersonal places to institutional, systemic ones.