Résumé
L’article décrit les contextes entourant les politiques qui soutiennent l’application du modèle d’intervention qui accorde la priorité au logement (Housing First) pour les personnes itinérantes présentant des troubles mentaux au Canada et en France. Le modèle consiste en une modalité d’intervention complexe qui élargit le concept de traitement en santé mentale pour y inclure la notion de logement. La démarche, axée sur le rétablissement, place le choix de l’usager quant au logement et aux services de soutien au centre de la philosophie de la prestation de soins. L’article décrit deux essais multicentriques liés à l’intervention qui se déroulent dans deux pays et précise en quoi ils se ressemblent ou diffèrent, compte tenu des particularités culturelles et sociales. Les essais pragmatiques portant sur des modalités d’intervention complexes représentent des défis et ont un pouvoir d’influence unique. C’est ce dont tiennent compte les deux études.
Abstract
This paper describes the policy environments supporting housing first as an intervention for those who are homeless and mentally ill in Canada and in France. Housing first is a complex intervention that expands mental health treatment to include a focus upon housing. A recovery orientation places the consumer’s choice of housing and supports at the center of the philosophy of care. The design of two, large multi-site intervention trials underway in both countries are described, noting similarities and differences related to the cultural and social context. Pragmatic trials of complex interventions have unique challenges and potential for influence, which both studies are addressing.
Résumé
L’approche des soins par le rétablissement en santé mentale favorise de nouvelles pratiques telles que l’introduction de médiateurs de santé pairs (MSP) dans les équipes soignantes. Les compétences de ces nouveaux professionnels reposent sur un savoir expérientiel. L’article analyse certains enjeux de l’institutionnalisation de ces pratiques, en se focalisant sur certains effets de l’introduction du nouveau métier de MSP sur la dynamique des équipes médicosociales. Il analyse également les enjeux sous-jacents à la posture professionnelle d’intermédiaire entre le monde des soignants et celui des soignés, et les voies de la légitimation du métier qui sont empruntées.
Abstract
The approach to care that focuses on recovery of mental health favours new practices, such as the introduction of peer health mediators in care delivery teams. The skills of these new professionals depend on knowledge gained from experience. This paper examines some issues related to the institutionalization of these practices, focusing on some of the effects of the introduction of the new occupation of peer health mediator on the dynamics of medical-social work teams. It also analyses the issues underlying the professional position of intermediary between care givers and care receivers, and the paths being taken to legitimize the profession.
Résumé
Le champ des pratiques et des savoirs entourant le mental pathologique a, depuis les quatre dernières décennies, connu différentes recompositions. Aujourd’hui, le souci « démocratique » inédit envers toute forme d’atteintes à la subjectivité, allant de la détresse psychique à la souffrance sociale, montre que la santé mentale est devenue l’une des dimensions transversales constitutives du « nouvel esprit des institutions », irréductibles à celles de la psychiatrie et de la psychopathologie. Or à côté de cet univers social ordinaire et public subsiste un « autre » univers de la santé mentale, souvent dramatique et peu visité, aux frontières mêmes du lien social et politique. C’est cet « autre » univers de la santé mentale qui est interpellé dans cet article, par le biais de résultats d’une enquête de terrain menée sur deux scènes a priori hétérogènes, limites et atypiques : l’itinérance et la fin de vie.
Abstract
The field of practice and knowledge surrounding mental health and illness has seen a number of reconfigurations over the last four decades. Today, the new “democratic” concern about any form of attack on subjectivity, ranging from psychological distress to social suffering, shows that mental health has become one of the transverse dimensions of the “new institutional spirit” and that these dimensions cannot be reduced to those of psychiatry or psychopathology. Yet, alongside this ordinary, public, social world exists “another” world of mental health, often dramatic and little seen, at the very boundaries of the social and political fabric. It is this “other” world of mental health that is explored in this paper, through the results of a field survey conducted in two areas that would appear to be heterogeneous, borderline and atypical : homelessness and the end of life.
Résumé
Les politiques psychiatriques et les politiques sociales se rejoignent aujourd’hui autour d’un principe qui consiste à mettre la personne et son projet de vie au centre des interventions dans une perspective de « rétablissement ». L’article interroge la manière dont ce principe est appliqué dans des programmes d’intervention en direction de personnes ayant des troubles psychiques graves. À partir de l’analyse d’une étude de cas, nous tirons des enseignements épistémologiques et politiques quant au rôle de la notion de « projet de vie » dans les recompositions du champ de la santé mentale.
Abstract
Psychiatric policies and social policies are in agreement these days regarding the principle of putting the individual and his or her “life plan” at the centre of treatment from a recovery perspective. This paper questions the way this principle is applied in treatment programs for people having serious psychological disorders. Based on analysis of a case study, we draw epistemological and political lessons about the role of the concept of life plan in reconfigurations of the field of mental health.
Résumé
Partant d’un travail de terrain mené au sujet des problématiques de santé mentale parmi les migrants chinois à Paris, l’article se focalise sur la trajectoire de Laurent, dix-sept ans, fils de migrants chinois, diagnostiqué comme « autiste » depuis son enfance et pris en charge par de multiples acteurs institutionnels. L’auteure analyse différentes scènes sociales sur lesquelles l’adolescent se positionne (le niveau familial et institutionnel) afin de comprendre l’évolution des troubles de l’enquêté, les transformations des soins qu’il reçoit, et de mettre en exergue les enjeux spécifiques liés à son statut d’adolescent de la « deuxième génération ».
Abstract
Taking as its point of departure a field study of mental health problems among Chinese migrants in Paris, this paper focuses on 17-year-old Laurent, the son of Chinese migrants, diagnosed in childhood as “autistic” and treated by several different institutions. Various social settings (family and institutional) in which the young man is active are analysed in an effort to understand the development of his disorder and the changes in the care he has received, and to highlight issues specific to his status as a “second generation” teenage son.